Forge ton corps d’athlète pour parfaire ton cœur d’homme

En ce jour, plus qu’un coureur, je suis un boxeur hors du ring. Une petite voix intérieure me chuchote ces paroles au cours d’une traversée aussi spectaculaire qu’éprouvante. Hors de ma zone de confort, un de mes principaux atouts est sans doute l’expérience acquise par la pratique de la boxe, étant donné la préparation physique et mentale requise par la discipline et particulièrement profitable en course à pied.
Avec l’égo pour principal adversaire, et une posture martiale pleine de vitalité, je parviens à boucler les 100km du Zion Ultra – une course de trail dans les canyons de l’Utah, aux États-Unis. Mais jamais je n’aurais pu vaincre sans de profonds moments de vulnérabilité où comme bien souvent, l’amour et la résilience figurent un large de vertus dans un océan déchaîné.

Ne combats pas les éléments, deviens l’un d’entre eux

L’endurance est un fleuve dont tu seras le courant.

Quel est donc mon mantra ce jour-là ? Et comment cette vibration intime peut-elle me guider pas après pas jusqu’à la ligne d’arrivée, dans l’émerveillement comme dans la désolation ?
Intimement connecté avec mon environnement, je relève fréquemment la tête, observant attentivement le monde extérieur. Au contact du sol, à la croisée des cours d’eau et à la vue du ciel, je devine un pouls subtil ; celui d’une terre en mouvement qui, dans cette brève épopée de la vie, m’offre son plus libre élément. Sans cesse dois-je me répéter :

 «  Écoute le chant du vent, accueille-le en ton cœur et libère-le dans la totalité de ton être. Deviens ainsi la brise sur les sentiers, et vole au travers. »

Avec agilité et légèreté, je poursuis donc ma trajectoire. Suis-je en train de courir sur des sentiers de trail, ou bien dans les tranchées de l’esprit ? L’inspiration, tel un flot d’énergie brute, vient m’habiter dans les instants de faiblesse, et m’imprégner de ses vers sculptés. Comme une plume indomptable déposerait ses mots délicats sur un lit de papier.

Anecdote au passage : un camarade traileur qui fait également partie de l’aventure me surnomme « Hurricane » le jour précédant la course, en référence à une ville voisine qui en porte le nom. Et l’étincelle crée la flamme…

La conquête de soi est un passage de l’ombre à la lumière

Par tes aspérités, tu brilleras.

Quelles que soient la qualité et la variété de mes entraînements répartis entre la course à pied – par toutes les températures, y compris les plus glaciales du Québec –, la boxe anglaise et le yoga, courir un ultra-trail reste à mes yeux une dure épreuve, quelques fois douloureuse. Le défi constitue néanmoins un riche apprentissage ; une véritable leçon de vie et d’humilité au cours de laquelle nous sommes invités à prendre conscience du cheminement qui nous anime.
Courir en nature prend la forme d’une méditation incessante, un acte extatique où il m’arrive de plonger dans une crue de colère pour y noyer les voix de la rancœur. Malgré la fatigue et les maux physiques éprouvés lors du Zion Ultra, je tente d’accéder à la sérénité dans l’inconfort – ressentir ainsi la fureur de vivre, et m’immerger dans la beauté de l’instant présent pour mieux contempler le visage visible de l’univers, comme sa virtuosité.

Car le bonheur, si l’on prend la peine de le chercher au bon endroit, rayonne secrètement dans l’audace d’être soi, et nul autre ; et enfin, dans la simplicité d’aimer, infiniment.

Mille gratitudes.


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